De 2011 à 2014, avec un intervalle de près de trois ans entre le 9e et les trois derniers, j’ai réalisé des monologues en courant pour rien. Trois ans après le dernier de 2014, j’en entame de nouveaux. De quoi s’agit-il ? De courir et d’enregistrer ce qui sort de ma bouche et ses environs pendant les courses, sans script préétabli, sans souci de qualité autre que celle d’écoute du mp3 qui en découlera. Le dispositif est simple : un sac-banane autour de la ceinture contenant un enregistreur numérique auquel est relié un micro-cravate épinglé au col du t-shirt. Aucun fil n’est apparent, je demeure pour le quidam un coureur ordinaire.
L’impossibilité des idées à se fixer quand le corps est en course est l’une des premières choses à laquelle j’ai dû faire face ; au bout d’une dizaine de minutes, l’intensité de l’effort est totalitaire, au point d’oblitérer toute pensée réfractaire. C’est alors qu’une sorte de gros vide s’installe à partir duquel s’émancipent ces monologues n’aspirant à rien.
Une émission proposée par Antonio Contador.